Père Hounzandji aux Candidats: « Prie comme si tout dépend de Dieu et travaille comme si tout dépend de toi »

Publié le par Priorité Succès


« La prière peut – elle aider un candidat à réussir à son examen ? ». Nous abordons la question avec deux religieux dans le deuxième numéro du magazine « Priorité Succès ». Ce sont Père Aimé Frédéric HOUNZANDJI, Directeur du Collège Catholique Père Aupiais de Cotonou, et El Hadj Ousmane IBRAHIM, Imam de la mosquée centrale de Cotonou. Nous publions ici ce qu’ils ont dit aux téléspectateurs. Attention! Nous publions les interviews telles qu’elles sont diffusées dans la rubrique "Le Savoir" du magazine télévisuel. Les  L’émission a été diffusée les Jeudi 15 et Vendredi 16 Mai 2008.

La prière peut-elle permettre à un candidat de réussir à son examen ?

Père Aimé Frédéric HOUNZANDJI : Je dis d’emblée oui parce que la prière peut permettre et la prière permet à quelqu’un qui va à un examen de réussir. Mais en fait, c’est  que la prière permet à cette personne de rentrer sous le regard de la volonté de Dieu. Parce qu’en priant en réalité nous ne donnons pas des ordres à Dieu mais nous lui présentons notre vie avec ses besoins, ses espérances, ses angoisses et nous demandons à Dieu de bénir notre vie et de faire que notre vie entre sous son regard, sous son plan de salut, son plan d’amour pour nous. Donc si la prière est comprise comme relation filiale de l’homme avec Dieu, si la prière est comprise comme échange avec Dieu, si la prière est comprise comme accueil de la volonté de Dieu, si la prière est conçue comme acceptation de cette volonté de Dieu, je peux donc dire avec vous que la prière peut permettre et doit permettre à quelqu’un qui va à un examen de réussir ou s’il ne réussissait pas d’accueillir ce plan d’amour du Seigneur ; parce que quand on va à un examen on le sait on réussit ou on échoue. Mais dans tous les cas on peut se demander si c’est réellement la volonté de Dieu qui s’accomplit dans notre vie, si oui, nous continuons notre chemin existentiel.


El Hadj Ousmane IBRAHIM : Oui la prière peut aider, elle peut participer à la réussite d’un candidat à l’examen. Mais sur des détails parce qu’il ne faut pas compter sur la prière à la veille des examens sans préparer l’examen bien avant et dire que j’ai déjà prié Dieu, je dois réussir. Non ! C’est un faux problème. La prière accompagne et aide quelqu’un qui a déjà une bonne volonté, qui a pris conscience de son avenir de ce qu’il veut faire dans sa vie. Comme on le dit toujours la réussite à un examen se prépare dès le début de l’année et non la veille.  Tout d’abord, il faut dire qu’un candidat doit assister aux cours de corps et d’esprit avec son professeur, essayer de comprendre les cours. S’il ne comprend pas quelque chose, il doit demander des explications à son professeur ou à ses camarades qui ont la chance de vite comprendre ou bien à son répétiteur à la maison. Il doit exercer toutes ses forces, toutes ses dispositions intellectuelles pour pouvoir comprendre le cours. Cela fait partir de sa préparation pour la réussite à l’examen. Ce candidat qui a déjà fourni beaucoup d’efforts physiques, sollicité dispositions intellectuelles et qui a une bonne volonté, la prière peut l’aider à pouvoir réussir.

A quelles conditions la prière peut-elle réellement contribuer à la réussite d’un candidat ?

Père Aimé Frédéric HOUNZANDJI : La devise du Collège [Catholique] Père Aupiais, [dont je suis le Directeur], c’est « Ora et Labora ». « Prie et travaille ». Et c’est Saint Thomas qui nous explique comment nous pouvons comprendre cette devise : ‘prie comme si tout dépend de Dieu et travaille comme si tout dépend de toi’. Cela suppose donc qu’en travaillant nous savons que c’est Dieu qui arrose notre effort de ses grâces pour que cela porte du fruit. C’est Dieu qui donne à la foi la pensée d’agir et la réalisation finale de ce que l’acte devrait donner. Mais c’est également que nous devons travailler en nous disant Dieu nous a déjà crées libres dotés d’énergie et de volonté. Il ne voudrait pas que nous soyons passifs et que la prière nous fasse tomber la manne du ciel. Et nous avons les bras croisés pour manger. Non ! Saint Paul l’avait dit aux chrétiens de Thessalonique : « Il faut travailler pour gagner le pain que nous aurons à manger ». Donc en travaillant comme si tout dépend de nous, ce n’est pas évacuer Dieu de notre vie mais c’est en nous disant que Dieu nous déjà donnés la capacité, l’intelligence qu’il faut pour comprendre les secrets de la nature. Nous y allons de toute notre détermination mais en même temps nous savons que sans Dieu,  le Seigneur Jésus l’a dit également dans l’évangile « sans le Seigneur  nous ne pouvons rien faire »,  donc sans Dieu nous ne pouvons rien faire.

El Hadj Ousmane IBRAHIM : Mais il y a d’autres facteurs qui agissent et qui provoquent l’échec de certains candidats malgré les efforts qu’ils fournissent, malgré la bonne volonté qu’ils ont de réussir. Je peux citer certains facteurs comme la peur qui domine certains candidats. Cette peur provoque parfois même l’oubli des nombreuses connaissances qu’ils ont déjà retenues pour cet examen; parfois c’est le doute, car il connaît bien la réponse mais le doute le dérange, il se demande : est-ce que c’est la réponse que je veux donner correspond à la question posée. En ce moment, le doute peut le conduire à l’erreur ; il y a aussi d’autres facteurs comme la malchance ; la malchance peut agir. Elle peut parfois être naturelle comme elle peut être spirituelle. On connaît ça dans notre culture. Il y aussi l’oubli, l’oubli chez certains candidats. Ils oublient très vite car il est difficile de retenir toutes les leçons reçues. Ceux-là qui ont déjà de bonne volonté depuis le début de l’année, qui ont bien suivi les cours et ont appris leurs leçons la prière peut intervenir les accompagner et les aider à réussir

Comment prier et quelles prières pourriez-vous conseiller aux candidats en ce moment ?

Père Aimé Frédéric HOUNZANDJI : Quand nous voulons prier, nous rentrons en communication avec Dieu et nous parlons avec Dieu comme un ami peut parler à un ami, comme un frère peut parler à un frère, comme un fils ou une fille peut parler à ses parents. Donc prier c’est présenter sa vie à Dieu. C’est vrai Dieu sait tout avant même que nous ne nous mettions à prier. Jésus nous l’a dit dans l’Evangile Dieu sait de quoi nous avons besoin. Donc c’est déjà une démarche d’amour de dire : « Oui ! Seigneur c’est Toi qui m’as fait Tu sondes les cœurs et les reins, mais en même temps dans mon regard présent, dans mon regard de créature, j’entrevois que si tu me faisais ceci ou cela ma vie serait plus rose, ma vie serait plus heureuse ». Donc, prier, c’est accepter d’abord de se mettre sous ce regard de Dieu, accepter d’accueillir ce que Dieu veut que je fasse dans ma vie, accepter d’accueillir ce que Dieu veut de ma vie


El Hadj Ousmane IBRAHIM : Pour combattre par exemple la peur, il y a la sourate qu’on appelle chez nous les musulmans dans le coran « sourate toukouré ». Donc un candidat musulman d’ailleurs c’est la sourate qu’on connaît depuis l’enfance. Il peut réciter cette sourate là au moins 11 fois par jours. Il peut la réciter sur une quantité d’eau et la boire surtout les nuits avant d’aller se coucher. Et si c’est le facteur de doute qui l’empêche, je peux lui conseiller de prendre comme prière « Sourate far et sourate nance », toujours le même nombre 11 fois, matin, midi et soir. Cela peut aider le candidat à combattre ce doute. Et si c’est l’oubli, si le candidat oublie très vite ce qu’il a retenu alors tous les versets coraniques qui ont  parlé de la connaissance peuvent l’aider à combattre ce facteur. Tous ces versets-là sont ceux qui peuvent aider quelqu’un à bien retenir ce qu’il a déjà appris. Et si c’est le cas de la malchance chez certains candidats, que cela soit naturel ou spirituel, il peut faire comme prière le verset coranique qu’on appelle « Ayitoukoussi  ». C’est un verset qui combat les mauvais esprits que cela soit naturel ou spirituel.


Père Aimé Frédéric HOUNZANDJI : Alors c’est clair que le rythme de la journée, c’est à peu près les deux faces de la même monnaie que vous avez évoquées tout à l’heure. Avoir évidemment des moments fixes où l’on prie, savoir que le matin au lever du soleil je prie, savoir qu’en milieu de journée pour marquer la pause je prie, savoir que le soir je prie pour rendre grâce à Dieu de la journée ; lui confier ce qui s’est très bien passé comme action de grâce et demander pardon pour ce qui s’est moins bien passé. Et lui remettre la nuit à passer pour que le lendemain matin nous reprenions la chaîne. Mais en même temps, je peux dire des prières tout au long de la journée. Je peux être en train d’écrire une correspondance et je m’arrête soudain pour dire « Seigneur je te rends grâce parce que je constate que ça va vite ». Je fais un travail et je constate que ça va très vite et je dis donc «le Seigneur a dû être au rendez-vous ». Il est toujours au rendez-vous. Je dis « Seigneur, merci ». Ou bien « Seigneur, je vais avoir une rencontre tout à l’heure avec des journalistes, habite cette rencontre. Sois au cœur de cette rencontre, inspire moi ce que je dois faire ». Pendant que je suis en train de parler avec vous si je sens que c’est plus ou moins bien, je peux dire au Seigneur « je te rends grâce ». Tout cela rapidement, cela s’appelle prière jaculatoire c’est-à-dire prière spontanée. Et cette forme de prière accompagne toutes nos activités, toute notre vie à tout moment.

El Hadj Ousmane IBRAHIM : Chez nous les musulmans, nous sommes tout le temps en prière, d’ailleurs vous le constatez déjà. Le matin à 6 heures on prie, à 14 heures, à 16 heures, à 19 heures, à 20 heures. Et cela ne suffit pas. Un bon musulman, en sortant de sa maison, doit prier. En rentrant il prie. En voulant s’habiller il prie. Pour se déshabiller, il prie. Pour se chausser, le musulman prie. Pour tout cela, il y a des prières méditées par le prophète Mahomet … Un bon musulman doit prier tout le temps. Il ne faut pas attendre la veille des examens pour commencer par prier.


Père Aimé Frédéric HOUNZANDJI : La prière ce n’est pas de la magie ; la prière ce n’est pas de la consultation occulte ; la prière ce n’est pas de la divination ; la prière c’est rentrer dans un rapport adéquat de créature avec le Créateur qui est Dieu pour que le lien que Dieu a voulu depuis entre Lui, Créateur, et ses créatures, que ce lien soit perçu, vécu pleinement.

El Hadj Ousmane IBRAHIM : Mais un élève ou un candidat inconscient animé par la mauvaise volonté qui ne s’exerce pas et qui, à la veille de l’examen, va taper les portes de gauche à droite pour dire prier pour moi, ou quelle prière je vais faire pour réussir. Dieu ne fait pas de la magie. Dieu n’est pas magicien.

Que diriez-vous pour conclure cet entretien ?

Père Aimé Frédéric HOUNZANDJI : Je demande simplement aux élèves d’être confiants. Dieu ne nous abandonne jamais. C’est clair le stress existe chez tout le monde et tout âge et à propos des grands échéances comme passer un examen officiel, fusse-t-il le CEP, le CAP, le BEPC ou le BAC. Mais de savoir également que Dieu est avec eux, Jésus l’a dit au soir de la résurrection quand Il devrait rejoindre son père au soir de la cinquantaine pascale « et moi je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps ». C’est une parole qui personnellement me réconforte me conforte et me tranquillise.


El Hadj Ousmane IBRAHIM : Rien ne peut se faire sans la bonne volonté. Il ne faut pas tout jeter sur le compte du destin. Dieu, Il a tout destiné, mais malgré cela il nous a demandé de fournir des efforts. Donc toi, il faut fournir tes efforts et à la veille de l’examen tu demandes la grâce de Dieu par des prières et tu verras que le Bon Dieu te viendra en aide.

Propos recueillis par Paul-Mairie HOUESSOU et Raliath LAWANI avec l'assistance technique de Gildas AGUIDI et Maurice SAGBOHAN

Publié dans Le Savoir

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